Il devait être aux alentours des 4 heures de l'après-midi. Brook venait juste de terminer de revoir un dossier mineur quand au nouveau prototype de pneus que la société envisageait de produire en masse. Quelques petits corrections au niveau de l'armature pour gagner encore quelques miles/heures et il serait temps de passer à la production de masse. Kaal avait encore une fois eu un bon instinct en proposant de s'insérer doucement de le marché automobile spécialisé dans les voitures automatiques. Tout cela sentait l'avenir à plein nez.
Elle jeta un œil distrait à l'horloge de son ordinateur et laissa reposer sa tête en arrière. Les nuits blanches de cette semaine pèsent sur ses paupières, mais elle n'a pas le temps d'y prêter trop attention.
Un rapide clignement des yeux et une voix féminine retentis dans la pièce, aussi cristalline que la glace.
« Changez ma blouse … et le tailleurs aussi, tant qu'on y est. J'aimerais quelque chose d'un peu plus casuel, pourquoi pas l'ensemble de mardi dernier, s'il est revenu du pressing, accompagné du pull en laine mauve. J'attends de la visite. »
Aussitôt son infirmière se manifeste, refermant tranquillement la porte de son local derrière elle. Tandis qu'elle change Brook elle ne parle pas, sa patiente ne fait de toute façon pas mine de s’intéresser à elle.
Sakura ne l'aime pas, elle ne la déteste pas non plus, à vrai dire elle l’indiffère. Elle l'a engagé car elle est douée et rapide mais aussi parce qu’elle connaît sa place. En vingt ans Brook a appris ce qu'il coûtait d'apprécier son soignant, c'est vrai qu'on rit et qu'on passe des moments agréables, mais cela finit toujours mal. L'équation n'est juste pas égale de base, pour l'une on représente un travail, pour l'autre un échappatoire, cela ne peut pas marcher.
Le silence est préférable, le silence et les vrais amis.
C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle est en train de se changer, une de ses amie arrive et il faut l'avouer, elle a un peu hâte. Elles ne peuvent pas se libérer souvent.
L'infirmière termine et fait mine de se retirer. Nouveau mouvement d'yeux rapide.
« Apportez un fauteuil pour mon invité et allez prévenir le chef de faire monter deux thés russes et un crachoir. Ce sera tout pour l'instant. »
L’infirmière hoche la tête et sort, 16H30 à l'horloge de l'ordinateur. Parfait. Brook cligne des yeux et l'appareil se range dans le lit, se glissant en silence dans son compartiment jusqu'à ce qu'on ne puisse plus le différencier des boiseries.
Plus qu'à attendre. La femme repose sa tête contre le lit, patiente.