For the glory
C’était fini. Elle se tenait dans le chambranle de la porte du bureau dans le petit salon attenant, toujours au QG. Les yeux écarquillés et le coeur battant si fort qu’il assourdissait ses tympans. Elle était encore debout, mécaniquement vivante. La terreur de la journée allait enfin pouvoir commencer à la quitter. Cette dernière avait tendu ses muscles à l’extrême, enserrer sa gorge à l’en asphyxier. Il lui semblait qu’elle avait perdu toute forme de contrôle, mais au seul profit des autres. Elle sentait qu’il fallait qu’elle lâche prise rapidement pour ne pas se trouver ensevelie sous dix tonnes de culpabilité qui finiraient assurément de l’achever.
Elle se rappela ce qu’elle avait dit à JD avant de descendre de la voiture une heure plus tôt. “S’il ne me tue pas, il va me falloir un verre”. Il ne l’avait pas fait : mais il lui fallait plutôt la bouteille entière. Elle entreprit de redescendre, ignorant si ce qui s’approchait le plus d’un ami l’avait attendu, mais elle s’arrêta aux toilettes d’abord. Elle se sentait sale. Elle fit quelques pas maladroits jusqu’au lavabo qui était surmonté d’une glace abîmée, brisée sur le côté. L'était-elle vraiment ? Ou se percevait-elle ainsi ? Elle croisa un regard dans la vitre, mais elle ne parvenait pas à le reconnaître comme étant le sien. L’impression d’être une étrangère la tenaillait, la vérité étant purement et simplement trop difficile à encaisser. Ce miroir brisé semblait être la parfaite parabole de ce qu’elle était actuellement : en petits morceaux. Elle ne pouvait plus être ce qu’elle voyait, car ce corps-là l’avait trahie, il lui avait montré l’horreur, il lui avait fait mal. N’importe qui d’autre serait mieux. Et elle pouvait être qui elle voulait.
Elle tourna le robinet grinçant et s’aspergea le visage plusieurs fois, frottant vigoureusement l’amas gluant de sang qu’elle sentait sous ses doigts. La fraîcheur glacée de l’eau fut agréable. Elle ne prit même pas la peine de s’essuyer le visage, et sortit.
Elle fut soulagée de trouver JD en train de parler tout seul dans sa caisse au même endroit qu’elle l’avait laissé un peu plus tôt. Elle ouvrit la portière et la voix, le ton, qui retentissait alors ne lui était pas étrangère. Si elle aurait souri en temps normal, elle se contenta de lui demander en prenant place à bord :
- Salut D. Vas-y roule s’te plait, j’ai besoin d’un verre.
Des gouttes d’eau perlaient le long de son menton et autour de quelques mèches de cheveux malchanceuses. Elle fixait le macadame au dehors, bien résolue à lâcher prise en noyant sans esprit dans les brumes fascinantes d’un bon whisky. Le plan était simple : se saouler jusqu’à oublier le nom de celle dont elle avait croisé le regard dans la vitre brisée, et recommencer différemment demain.
Elle se rappela ce qu’elle avait dit à JD avant de descendre de la voiture une heure plus tôt. “S’il ne me tue pas, il va me falloir un verre”. Il ne l’avait pas fait : mais il lui fallait plutôt la bouteille entière. Elle entreprit de redescendre, ignorant si ce qui s’approchait le plus d’un ami l’avait attendu, mais elle s’arrêta aux toilettes d’abord. Elle se sentait sale. Elle fit quelques pas maladroits jusqu’au lavabo qui était surmonté d’une glace abîmée, brisée sur le côté. L'était-elle vraiment ? Ou se percevait-elle ainsi ? Elle croisa un regard dans la vitre, mais elle ne parvenait pas à le reconnaître comme étant le sien. L’impression d’être une étrangère la tenaillait, la vérité étant purement et simplement trop difficile à encaisser. Ce miroir brisé semblait être la parfaite parabole de ce qu’elle était actuellement : en petits morceaux. Elle ne pouvait plus être ce qu’elle voyait, car ce corps-là l’avait trahie, il lui avait montré l’horreur, il lui avait fait mal. N’importe qui d’autre serait mieux. Et elle pouvait être qui elle voulait.
Elle tourna le robinet grinçant et s’aspergea le visage plusieurs fois, frottant vigoureusement l’amas gluant de sang qu’elle sentait sous ses doigts. La fraîcheur glacée de l’eau fut agréable. Elle ne prit même pas la peine de s’essuyer le visage, et sortit.
Elle fut soulagée de trouver JD en train de parler tout seul dans sa caisse au même endroit qu’elle l’avait laissé un peu plus tôt. Elle ouvrit la portière et la voix, le ton, qui retentissait alors ne lui était pas étrangère. Si elle aurait souri en temps normal, elle se contenta de lui demander en prenant place à bord :
Des gouttes d’eau perlaient le long de son menton et autour de quelques mèches de cheveux malchanceuses. Elle fixait le macadame au dehors, bien résolue à lâcher prise en noyant sans esprit dans les brumes fascinantes d’un bon whisky. Le plan était simple : se saouler jusqu’à oublier le nom de celle dont elle avait croisé le regard dans la vitre brisée, et recommencer différemment demain.