Valerie Turner - Toujours plus. - Août 2016
Cela faisait maintenant 8 mois que Valerie avait obtenu ses pouvoirs. Elle n’avait jamais vraiment paniqué, au contraire même ; A part un cauchemar et une manifestation mystique digne des films d’horreur de nos jours, la jeune femme avait réussi à très vite apprécier ses pouvoirs. La seule chose qui l’avait préoccupée était de savoir si elle devait dévoiler son pouvoir ne serait-ce qu’à ses amis ou si elle devait le taire. Elle avait même réfléchi à faire une vidéo pour la poster sur le net, où elle aurait pu rester anonyme et où elle aurait pu surtout recevoir d’éventuels commentaires de personnes ayant aussi des dons extra-ordinaires. Il est vrai après tout que dans tous les comics de super-héro, ceux-ci se mettent à sauver la veuve et l’orphelin, mais la réalité en est tout autre une fois que l’on est confronté à un tel don. De plus, Valerie ne possédait pas une peau en acier ni une force surhumaine, son pouvoir était grandement limité en terme de « protection ». La diplômée en informatique croyait alors fermement qu’il serait plus facile pour les gens comme pour elle de parler de ceci derrière un écran et donc de manière anonyme. Elle taisait donc son pouvoir, mais ne passait pas un jour sans essayer de développer ses capacités.
Ses canines avaient poussées et ce non à son insu. En fait, ces dernières semblaient être devenues plus ou moins rétractables et Valerie pouvait même les faire s’incliner vers l’avant : des muscles s’étaient développés à leurs racines. Mais ce n’était pas tout : de cette double paire de dents s’évacuait parfois un liquide au goût sucré-salé, non sans lui plaire. Elle se doutait bien qu’elle n’était pas capable de sécréter une sauce digne de ses origines japonaise, mais se demandait comment découvrir l’efficacité de son pouvoir ? Elle y songeait tous les jours.
C’est alors qu’un après-midi où elle ne travaillait pas elle s’amusait à tordre ses avant-bras dans tous les sens, effectuant des signes avec ses mains et ses doigts pour accompagner le mouvement, tous plus grotesques les uns que les autres. Sous la peau de ses avant-bras, Valerie pouvait sentir par endroit des sortes de boules, comme des kystes. Il s’agissait là des glandes séricigènes qui accompagnaient sa mutation. Jusque-là, elle avait été capable de produire un fil rectiligne, simple mais la pression exercée par ses avant-bras faisait jaillir le fil jusqu’à une quinzaine de mètres, voire plus, mais passés cette distance, les fils n’avaient plus assez d’énergie cinétique pour efficacement adhérer aux obstacles qu’ils rencontraient. Lorsqu’elle produisait cette soie, elle sentait travailler le dessous de ses avant-bras, or la journaliste avait pu sentir d’autres glandes, elles toujours au repos, au-dessus de ses avant-bras. Pouvait-elle éjecter de la toile depuis plusieurs endroits différents ? Y en avait-il d’autres ? Des endroits loufoques et gores lui passèrent par la tête et lui fit tordre la bouche.
Assise à son bureau, une assiette devant elle, elle avait enfin trouvé une expérience pas trop dangereuse mais surtout pas trop dégueulasse. A pleine dent et de biais, elle mordit son escalope de dinde. Très vite, des réseaux verdâtres et sombres se dessinaient sur le morceau de chair.
_Daaaaamn…
*Ding-dong*
_Qu- Qui est-ce !?
Quelque peu surprise par ce rendez-vous inopiné, elle jeta le morceau de viande qui commençait à noircir de plus en plus dans l’évier. Sur son bureau se trouvait une assiette avec quelques gouttes d’un vert foncé. Elle ouvrit la porte.
_____