I just want to set the world...
On Fire
J'ai le son de la mer dans les oreilles. Les vagues frappant la roche impassible. Embrun et sables chaud, lové sous la radiance bienveillante du soleil... Ah non, putain. C'est une vieille chaussure flottante, un tas d'algues, de détritus et de merde. Un amas d'entropie. Des déchets qui vivront bien plus longtemps que les sacs à viande de toute cette putain de ville. Mais pourquoi je suis vivant ? Je sens quelque chose, au fond de mes entrailles... Une... Douleur ? Et revoilà les ténèbres. Mon vieil ami, ça faisait bien longtemps...
Tout est confus, incertain. Un voile sur sa mémoire rendait chaque instant qui suivi sa "mort" aussi informe qu'un rêve, qui trop longtemps après le réveil perdent toute leur matière. La conscience de James venait de s'éveiller après quatre jours d'enfer, prisonnier d'un corps entre la vie et la mort. Il se souvient du fragment de souvenir d'une sirène de police, perçant le silence de la nuit. Allait on laisser son corps pourrir dans une décharge ? Finir ses jours entre le PQ encrassé, les mégots de cigarettes et les paquets de chips en aluminium ? L'idée ne lui paraissait pas si déplaisante. Peu importe : c'est dans un vieil appartement qu'il s'était éveillé.
Une voix, au dehors, lui rappelle comment se formaient les mots, les pensées. "... Oui. Aucune idée sur ce que je peux faire... Si j'en parle, je me fais virer..." Son esprit s'éveil peu à peu au monde, comme après une cuite bien trop longue. Rien autour de lui ne faisait sens. Un appartement de classe moyenne, bien décoré, banal à en crever. Mais à peine a t'il repris conscience qu'une douleur insondable le reprend. Une chaleur, brûlant vif, se concentre sur son crâne et le mène à hurler à en perdre la voix. La silhouette se lève aussitôt, panique. "Oh merde ! J...Je... J'dois te laisser !". Elle jette négligemment son smartphone sur une table de préparation improvisée et se précipite vers James. Tentant de retenir son mètre quatre vingt cinq, elle réalise vite qu'elle ne pourra pas lutter contre la violence du choc qui l'accablait. Seringue remplie de morphine, elle lui administre qui n'a aucun effet. Aussitôt, elle prend un bâton qu'elle place entre les dents de son patient, lui permettant à la fois de contenir ses cris et, d'une certaine façon, rendre la douleur moins insupportable.
Alors que sa crise se fait de plus en plus forte, des sillons incandescent commencent à se former sur son visage. Il n'en peut plus. Se dressant au point d'en bouleverser la table, les sièges, et tout ce qui pouvait passer sur le chemin. Les sillons s'enfoncent dans sa chair, jusqu'à atteindre son crâne. En perdition, il tombe à genoux, et soudain, le silence...
L'instant dure une seconde, une minute, peu importe : il semble éternel. Comme s'il venait de réaliser le sens de sa douleur, il laisse tomber le bâton marqué par l'empreinte de ses dents.
Sans un mot, il savoure la transcendance offerte, sa Révélation. Une lumière vive, divine. Et c'est l'explosion.
La combustion prend, ne laissant à la place de son visage qu'un crâne enflammé, les yeux d'un vide abyssal. La femme s'approche, croisant son regard, et se voit saisie d'un effroi qu'elle n'avait jamais imaginé ressentir. Elle hurle, avant de tomber au sol, inanimée. Les flammes de la terreur s'éteignent, alors que le Roi des Cendres reprend sa place dans son inconscient. James tombe à son tour, l'expérience trop lourde, la Révélation consommée.
Peu importe ce qui venait de se passer, James venait de passer de l'autre côté. Son pouvoir de méta venait de se révéler...