◄► Le cerveau et le portefeuille ◄►
Un jour comme un autre, des heures à surveiller des rapports d'activité, à recevoir des plaintes des actionnaires et deux de plus rien que pour réguler la manifestation "pacifique" aux portes de notre quartier général. Quand je vois des barres de fer et des cocktails Molotov, je ne peux pas dire que c'est si pacifique que cela, heureusement la police est intervenue avant qu'ils ne s'en servent cette fois-ci. Une journée comme une autre de toute évidence, avec les mêmes contrariétés et petites victoires ici et là. Je porte comme à mon habitude ce costume trois pièces surmontées d'une cravate rouge sang, le vêtement de haute couture étant lui-même de teinte sombre et rouge et ayant un logo Advent Technologic plus ou moins discret sur le poitrail au niveau de la poche où est un mouchoir en tissus visibles.
"Cette échauffourée fut si prompte à s’évaporer que cela remet en cause toute mon organisation."
"Effectivement, mon bon Albert, j'ai donc un peu de temps libre.."
"Cela fait un certain temps que vous n'avez eu d'interaction sociale avec mademoiselle Brook en excluant les rapports mensuels."
"Je vais voir si elle a du temps à me consacrer effectivement. Peut-être même une autre de ses idées géniales à mettre à plat."
Ah ! Que ferais-je sans mon majordome. Oui, j'ai un être absolument exquis, anglais pour bien aller dans le stéréotype, qui m'aide à m'organiser dans tout cet océan d'incertitude remplie de requin divers qu'est mon poste de président de compagnie... Bon, je suis moi-même un de ces requins, mais c'est un détail n'est-ce pas ? Avant cela, j'ai quelques papiers à vérifier. Une offre publique d'achat, il faudra que je revoie les détails quelque chose me chagrine sans savoir pourquoi... Encore une paire de lettres d'insultes et/ou de menace de mort anonyme... Des expérimentations ? Qu'est-ce que ça fait ici, c'est du ressort du département de recherche, je prends le document et la met dans une de mes poches, j'en parlerai éventuellement avec Sakura si elle a le temps.
Je demande à Albert de faire prévenir ma cheffe du département recherche et développement, que si elle souhaite s'entretenir j'ai la possibilité de la voir immédiatement. Une réponse positive semble me revenir je vais donc attendre là où il le faut. Je vais donc au sas, enfin c'est une salle d'attente qui a ce nom, j'ai promis à Sakura que je ne viendrai pas la fliquer, du coup quand je souhaite la voir je vais donc dans cette pièce particulière et la préviens. Depuis qu'on travaille ensemble, je ne suis jamais allé dans son laboratoire à l'improviste même si je pourrais le faire. Mais je n'ai aucune envie de blesser ma poule aux oeufs d'or, même si elle est bien plus que ça, je me suis résous à me rappeler qu'elle est ceci également.
Une grande salle, suffisamment pour permettre à son lit d'y stationner, à la sortie du grand ascenseur aménagé spécialement pour lui permettre de se déplacer partout dans l'immeuble. Il permet également de déplacer du matériel lourd, mais elle a tout de même la priorité sur son usage. Mais honnêtement, ce sas est aussi un moyen de me donner du temps pour me préparer psychologiquement. Sans ça, j'aurais un mal fou à ne pas avoir un air de pitié déplacé en la voyant, ça ou avoir encore plus l'air mal à l'aise... Je ne sais pas si elle préfère monter ou que je descends. Dans tous les cas, d'une manière où d'un autre l'élévateur se met en marche et finalement après le dernier ding.
"J'espère que je ne te dérange pas."
J'ai abandonné le vouvoiement depuis longtemps avec elle, puisque pour des raisons évidentes, je ne peux pas lui serrer la main... J'ai pour habitude de lui faire la bise comme sur le vieux continent. Elle est d'ailleurs la seule à ne pas en venir à avoir réellement le droit à ce genre de salutation évidemment. J'évide de peu de lui dire qu'elle a l'air en forme, les mauvaises habitudes de la politesse... À la place, je trouve une phrase bien clichée pour éviter de créer un blanc.
"À chaque fois que je te vois, je me rappelle de la chance que j'ai d'avoir un esprit si brillant à mes côtés."
C'est vrai, même si horriblement bateau. Mais j'ai bien du mal à trouver un compliment pour un être comme elle, un génie dans une prison de chaire. Mon téléphone vibre... Je le retire d'une poche. Il ressemble plus à une plaque de verre qu'a un appareil cellulaire, la pointe des appareils holographiques portatifs. Dessus, je peux y voir un article de journal défiler sur cette matière belle, mais si froide... Une nouvelle marche pacifiste réduite au silence par ces monstres d'Avent et leurs chiens de garde de la police... Cela me tire un demi-sourire et un petit rire jaune, je commence à être que trop habitué à être le grand méchant loup ça m'atteint presque plus... Presque...
"Désolé, je suis tout a toi maintenant."
J'ai quand même un petit fond d'aigreur dans la voix, mais ce n’est pas dirigé vers elle et elle le sait très bien.