...And they shall know
NO FEAR
Beta, bouche à incendies ouvertes sous la chaleur écrasante. Des milliers de mètres cube d'une précieuse eau douce gâchés par des jeunes populations inconscientes. Nous sommes en été 2014. James à 25 ans, et vient à peine de sortir de prison pour une attaque à main armée complètement ratée. Un vol aggravé sans incidence qui lui vaudra 3 mois de prison ferme et 6 avec sursis. Mais la condamnation vint après un an de paperasse administrative, année qu'il dû passer derrière les barreaux en maison d'arrêt en attendant son procès. Il était la victime de toute l'absurdité du monde judiciaire de Libertytown.
Les rues sont animées, bien plus que je ne l'aurais pensé. Amanda - la femme de Jozef - me dépose au croisement Roosevelt et Brighton. Pas étonnant qu'elle ne veuille aller plus loin étant donné le chaos ambiant sous un soleil de plomb. L'eau dégoulinait des trottoirs à la chaussée, les gamins se baignant à même le sol. Où sont leurs parents ?! Et me voila, seul, bagage en main, suivant les traces de mon père. Sortie de prison au même âge, pour le même motif. Comme mené par un destin inéluctable, je reproduisais ses erreurs.
Mon père, Darius Black, n'était pas un enfant de chœur. D'abord parce qu'il était adulte et rigoureusement athée, mais aussi et surtout parce qu'il avait cette fâcheuse tendance à gagner sa vie en faisant des "braquos" avec son comparse Josh. Alors qu'il traversait le pays en quête du meilleur plan, revenant de temps en temps au foyer familial, nous restions là, avec ma mère, à subir son incapacité à nous fournir des revenus stables. Les choses n'étaient pas simples pour moi et ma mère. Theresa Stonewell-Black, une américaine issue d'une famille de militaires de carrière déchue suite au pétage de plomb de leur paternel. Un PTSD mortel qui coûta la vie de ma grand-mère que je n'ai donc jamais connu, et à son amant, accessoirement voisin de palier opportuniste.
Bouh ! Pardon, je raconte ma vie familiale, instant privilégié, séquence émotion. Comme s'il en restait quelque chose aujourd'hui. Pourtant, la seule chose qui me donnait envie à l'heure actuelle, c'était un putain de burger et une partie de jambes en l'air. N'importe qui. Amanda, même. La femme de mon ancien codétenu ? Et alors ! Qui pourrais vraiment me faire la morale : je n'ai aucune pitié sur ce sujet. Mais il fallait d'abord que je retrouve les miens. Ma mère n'était jamais venue me voir au parloir. La honte, peut être, que la malédiction du père se reporte sur le fils. C'est peut être ce sentiment étrange qui, arrivé devant la porte de l'appartement familial, fit s'éteindre mon courage. Ai-je vraiment envie de croiser le regard inquisiteur de ma mère ? Je pose mon sac, et rebrousse chemin. Rien n'a réellement plus de valeur que les pulsions qui m'animent. Je sors mon smartphone, crédité suffisamment pour quelques appels, et un peu de data. En quelques instant, je trouve le numéro d'Amanda et la rappelle. Elle doit être encore en route, mais peu importe, elle décrochera :
Deux sonneries, et sa voix résonne, surprise par mon appel. Elle conduit.
"- J'peux venir chez toi ? Dis-je, sans détour. Elle comprendra.
- ... Maintenant ? Me dit elle, après un bref moment d'hésitation.
- Oui.
Un long silence, animé en fond par le bruit des radios à pleine balle, les rires d'enfant et les klaxons nerveux de citoyens.
- D'accord." conclut elle.
Désolé mate.
J'espère que tu ne m'en voudras pas...